De nos grandioses métamorphoses
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 Chapitre III

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Elwin
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Elwin


Messages : 66
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MessageSujet: Chapitre III   Chapitre III Icon_minitimeDim 13 Mar - 19:37

*
**

Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
Charles Péguy
.

Après une nuit tourmentée passée à ressasser ma folle journée, à boire thés et cafés afin d’entretenir mon agitation, au matin, je rejoignis Maggie Chez Dany pour y déjeuner.
Alors qu’elle me raconta avoir passé la sienne à penser à la journée d’aujourd’hui, à notre nouveau travail et tout ce que cela impliquait, je commençai mon récit.
Je lui parlai de mon agression et la façon dont je m’en étais sortie indemne.
Enfin presque, une touffe de cheveux en moins et quelques bleus en plus.
Elle me toisait estomaquée, ses yeux ronds en étaient la preuve, en prenant une de mes cigarettes.
- Tu fumes ? Mais tu fumes depuis quand toi ? M’écriai-je.
- A l’occasion, quand j’ai une poussée d’adrénaline.
Dis-moi à quoi ressemblait ton sauveur ?
Mon sauveur… drôle comme expression… et pourtant…
Je me gardai de lui faire part de mon attitude juvénile digne d’une adolescente boutonneuse face à la coqueluche du collège….
- Heu… tu sais, butai-je sur les premiers mots, il faisait vraiment très sombre et puis il est parti très vite. J’ai eu à peine le temps de le remercier.
Je tus les minutes que j’avais passées à l’observer le cœur à la déroute. Je tus également le fait qu’il avait prononcé mon nom alors que je le voyais pour la première fois.
- Ca alors ! S’extasia t elle en tirant sur la cigarette qu’elle avait allumée, je n’en reviens pas ! Mon dieu, c’était vraiment ton jour de chance !
Sur ces sages et justes paroles, je réglai l’addition, une nouvelle journée commençait.
A neuf heures tapantes, nous fumes convoquées dans le bureau de Monsieur Green.
Nos sources s’avéraient fiables, nous étions cinq.
Je reconnus immédiatement l’un deux : Len Fire. Son physique peu banal et de type amérindien l’empêchait de passer inaperçu. Il était très grand. Sa taille immense, son corps tout en muscles, ses yeux légèrement bridés et ses cheveux noirs coupés courts, lui donnaient un pouvoir de domination.
La communauté autochtone du Canada était importante. Dans notre région, la nation des pieds noirs, nom donné à trois tribus indiennes, était encore largement représentée.
Ces autochtones avaient guidé les premiers blancs venus prospecter dans la région, la riche faune de ces contrées isolées. C’était en 1811. Juste un pas en arrière dans l’histoire. C’était hier.
J’avais croisé Len quelques fois depuis mon arrivée à la rédaction. Il nous était arrivé de bavarder quelques minutes un café à la main aussi si je le connaissais peu, je savais néanmoins qu’il était sympathique et serviable.
Un homme et une fille devant avoir le même âge que Maggie et moi et qui m’étaient parfaitement inconnus nous furent présentés.
Il s’agissait de Rose Donovan Et de Nick Cortez.
La fille était une grande rousse, longiligne, elle paraissait interminable.
Quand je fus à sa hauteur pour l’embrasser sur les deux joues et me présenter à mon tour, je pus remarquer qu’elle me dépassait facilement d’une tête. Aussitôt je me sentis naine malgré mon un mètre soixante cinq qui jusque là m’avait paru tout à fait convenable.
Des millions de taches de rousseur parsemaient son visage allongé et malgré son air sévère, Maggie m’appris plus tard qu’elle était adorable.
Nick lui, avait le physique d'un latino américain. Maggie m'apprendrait plus tard qu'il était en fait natif de Cuba. Son héritage ancestral lui avait transmis un caractère changeant et passionné. Il avait cette manière paisible et naturelle d'habiter son corps, de le maîtriser et de le faire bouger.
Grand et baraqué, quoi que comparé à Len il eut pu faire un tantinet ridicule, ses cheveux noirs coiffés en pics et son look soigné très « fashion » lui donnaient l’air d’une star en vogue.
Les consignes nous furent répétées pour la quatrième fois à la façon d’un enregistrement programmé.
Nous devions mener une enquête profonde sur les agressions et disparitions qui touchaient la région de Columbia Valley ces derniers mois.
Le but ultime étant bien évidemment de rédiger un dossier qui aurait l’effet d’une bombe.
J’aurais pu leur faire part de mon expérience de la veille étant donné qu’on avait essayé de m’étriper pourtant je m’abstenais. « Aucune corrélation avec ce qui nous intéresse », me dis-je en moi-même. Une pure coïncidence et rien de plus, pas la peine d’en faire des choux gras.
Maggie connaissait Nick et Rose ce qui ne me surprit guère. Elle travaillait ici depuis plus longtemps que moi, deux bonnes années me semblait il et était, il faut bien l’avouer, bien plus sociable.
D’un geste du bras on nous montra où notre Q.G. avait été établi. La disposition de nos postes de travail avait été revue afin que nous puissions travailler ensemble.
Maggie, volubile, leur fit la conversation. Tandis que nous nous rapprochions des bureaux, ils échangèrent quelques banalités puis commencèrent à évoquer des sujets moins futiles.
Une fois installés, nous nous afférâmes à reprendre nos investigations Maggie et moi alors que Nick, Len Et Rose entamaient les leurs.
Je classai chacun des articles dont je disposais en ordre chronologique. Peu nombreux, cela ne me prit guère de temps. La violence des agressions qui avaient été perpétrées me glaça d’effroi. Les témoignages étaient épouvantables. Les récits des journalistes, alarmants. Je me rendis compte que j’avais failli faire la première page des journaux. Je pris des notes, jetai sur le papier toutes les questions et idées qui me venaient à l’esprit.
A la fin de la journée, nous entreprîmes ensemble de rassembler notre travail.
A 19 heures, nous commencions à peine à y voir plus clair.
Rose tira sa révérence, la journée ayant été harassante, je compris sa fatigue.
Je me trouvais moi-même dans un état de fatigue extrême, les nuits de ces derniers jours m’ayant procuré un sommeil très relatif…
Comme si elle lisait dans mes pensées, Maggie se leva et m’enjoignit de faire comme elle.
- Je ne sais pas, Maggie, je vais peut être rester encore un peu…
- Oui bien sur et tu vas sortir d’ici à la nuit tombée et te faire égorger encore une fois.
- Je ne me suis pas faite égorgée Maggie, la coupai je.
- Oui, certes mais cela a failli de peu. Alors dorénavant, nous sortons d’ici, ensemble !
- Je ne te connaissais pas si autoritaire ! Dis-je en plaisantant
- C’est parce que tu es inconsciente et déraisonnable ! A moins que tu ne cherches qu’à te faire secourir une nouvelle fois par Zorro.
Deux visages masculins, se tournèrent vers moi. je fis mine de ne rien remarquer.
Alors que j’étais en train de lui faire remarquer que nos lectures et le travail que nous accomplissions devaient lui monter à la tête causant chez elle un sentiment d’anxiété, elle me fit lever de ma chaise en m’empoignant la taille et le bras gauche.
- Ecoute, arrête de dire des sottises, éteins ton ordinateur, prends ta veste et ton sac. On s’en va, me somma t’elle.
A 21 heures je dois être à la Réception d’Elisabeth Bowman.
C’est une amie de mes parents. Elle donne un gala de charité et bien entendu, en gentille petite fille de bonne famille que je suis, je dois m’y rendre.
Le gratin de la région y sera et mon père me truciderait si je n’y allais pas.
Peut être qu’il projette d’ailleurs de mes marier à l’un d’eux… oh mon dieu, quel malheur !
Je dus me résoudre à me plier à sa volonté
Je ramassai mes dernières affaires en me pressant tandis qu’elle appelait l’ascenseur en appuyant sur le bouton de façon compulsive.
Une fois à l’intérieur, je la vis se balancer sur ses deux pieds, hésitante.
- Que se passe t il ? Demandai-je intriguée.
- Je voudrais que tu m’accompagnes à cette soirée pourrie.
Si tu venais ce serait moins pénible et ainsi mon père n’essayera pas de me marier au premier pétrolier du coin.
Elle venait de me sortir tout cela d’une traite, sans marquer la moindre pause.
- Je suis naze et j’ai horreur de ces réceptions, rajouta t elle insistante.
S’il te plait, fais le pour moi, je t’en prie.
Ces dernières paroles ressemblèrent à une supplique.
Je fixai mon amie et constatai qu’elle était réellement tourmentée. Son regard m’implorait de changer d’avis.
- Très bien je vais rentrer chez moi me préparer et nous irons à ce gala « pourri » comme tu le dis si bien. Ensemble.
Mais nous n’y ferons qu’une apparition éclair, exigeai-je immédiatement. Il faut que je dorme un peu avant de tomber raide de fatigue.
- Oui ! Tout ce que tu voudras, hurla t-elle alors que les portes de l’ascenseur s’ouvraient pour nous libérer.
Je passai une heure dans la salle de bains à me préparer, m’acharnant à faire disparaître les cernes qui bordaient mes yeux.
J’enrageais devant mon placard ne trouvant rien à me mettre, m’insultant d’avoir environ une cinquantaine de jeans et rien à porter pour une telle occasion.
Ni robe ni ensemble assez classes pour Elisabeth Bowman.
Je me décidai à appeler Maggie pour lui exposer mon problème lamentable de garde robe.
Elle arriva chez moi, à sept heures et demie passées et me donna encore un quart d’heure pour me vêtir de la superbe robe noire qu’elle m’avait préparée.
Une fois celle-ci passée, je me regardai dans la glace, renvoyant mes longs cheveux blonds en arrière.
- Ca va Logan ? Me questionna Maggie à travers la porte.
- Oui ça va, après une heure et demie de gros travaux, je ne suis pas trop dégueulasse.
Je l’entendis exploser de rire alors que j’ouvrai la porte qui, jusque là me cachait.
- Waouh ! s’exclama t elle.
- Oui, non, n’en rajoute pas ou j’enfile mon pyjama et t’abandonne à ton triste sort.
- Ok, pour les compliments, tu repasseras.
Trois quart d’heures de route nous séparaient de la ville de Rupert.
Nous primes sa Chevrolet bleue pour nous y rendre et en chemin elle me fit part de ses théories sur les événements qui frappaient la vallée.
Plus saugrenues les unes que les autres, je ris de bon cœur durant tout le trajet ce qui me détendit un peu.
Nous arrivâmes devant un portail en fer forgé grandiose, une œuvre d’art. Maggie brandit alors son carton d’invitation au vigile taillé comme une armoire en bois massif. Il fit un signe de la tête, nous souhaita de passer une bonne soirée ce qui me fit émettre un grognement.
Le portail s’ouvrit nous dévoilant un parc merveilleux.
Si la soirée allait être ennuyeuse à en mourir, j’aurais pu au moins me régaler du décor.
Un nombre important de voitures, plus grosses les unes que les autres, occupait le parking qui avait été aménagé pour l’occasion.
Celle de Maggie faisait l’effet d’une caisse à savon comparé aux véhicules luxueux qui nous entouraient.
- Si cela peut te détendre, certains sont venus en limousine, me dit-elle.
J’avalais ma salive péniblement et ouvris la portière.

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source: http://grandioses-metamorphoses.vefblog.net
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